L'estuaire de la Seine représente le plus grand complexe estuarien du Nord-Ouest de la France et l'un des plus grands d'Europe. Autour de cet ensemble complexe, il existe, aujourd'hui, une volonté politique recherchant une cohérence et une unité territoriale plus concrète. Dans ce cadre de réflexion, le tourisme est un sujet fédérateur. Ainsi, un projet « Tourisme durable dans l'estuaire de la Seine » a été initié en 2006 avec pour objectif, la création d'une destination touristique estuarienne inscrite dans le développement durable. Géographiquement, l'estuaire est considéré comme un ensemble unitaire qui réunit les deux rives d'un fleuve. Mais, si la Seine est bien une colonne vertébrale de cet espace, il est toutefois bien difficile de parler ici d'unité. En effet, nous y retrouvons partiellement deux régions (Haute et Basse Normandie), trois départements (76, 14 et 27) et cinq pays (Point de Caux Estuaire, Haute Falaises, Pays d'Auge, Risle Estuaire et Caux Vallée de Seine). En y ajoutant les structures administratives en charge du tourisme, nous pouvons avoir une première idée de la complexité pour arriver, à terme, à la création d'une destination touristique estuarienne. Mais ce travail est inéluctable, l'époque des séjours passés dans une seule et unique station touristique étant aujourd'hui révolue. Le raccourcissement des séjours notamment, obligent les touristes à rechercher et à privilégier les lieux à fortes connectivités, c'est alors essentiellement une logique de séjours touristiques itinérants qui s'impose aujourd'hui. Ainsi, si la mondialisation a mis en concurrence à l'échelle planétaire les destinations touristiques1, de nouvelles stratégies d'alliance émergent, pour un développement territorial axé sur le principe de proximité. Dés lors, des destinations touristiques classiques, comme Deauville ou Honfleur, commencent à comprendre les enjeux de cette mise en itinérance et sortent d'une logique jusqu'ici monocentriste. De même, une ville comme le Havre, au poids économique important dans l'Estuaire, mais avec une image qui pénalise l'activité touristique, a gagné des places dernièrement en termes d'attractivité. Ainsi, le travail pour un premier produit touristique estuarien structurant vient d'y être initié. Il s'agit d'une navette fluviomaritime entre Honfleur/Deauville/Trouville-sur-Mer/le Havre. Ce projet est né d'une réelle volonté des élus des quatre collectivités, de réintégrer, un tel produit axé sur l'eau, qui fasse la liaison entre les deux rives. Les habitants et les touristes y retrouvent la nostalgie pour une ancienne navette qui faisait la liaison entre les deux rives jusqu'au début du siècle dernier et espèrent en avoir à la fois un produit touristique ainsi qu'un moyen de transport occasionnel. Si le projet devait aboutir, ce serait la première démarche concrète de tissage d'une nouvelle forme spatiale à finalité touristique dans l'Estuaire, dépassant les frontières administratives classiques, une sorte de premier espace « noyau » d'une future destination Estuaire, offrant la possibilité de se déplacer autour de thématiques structurantes et complémentaires.

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